Point Hebdo du 08/07/2024
Point de marché du 𝟬8/𝟬𝟳/𝟮𝟬𝟮𝟰 : risques extrêmes écartés. Et maintenant ?
Il va falloir à nos politiques et à nos élus beaucoup, beaucoup d’imagination pour, peut-être, enfin, réussir ce qui n’a (presque) jamais fonctionné en France : gouverner par compromis et en coalition.
Si ces pratiques sont monnaie courante chez bon nombre de nos voisins et au niveau européen, ce cas de figure est historique en France et soulève de nombreuses incertitudes, tant sur ses acteurs éventuels et leur représentation dans un hypothétique futur gouvernement, que sur les priorités du programme sur lequel ils pourraient s’accorder, ou sur le temps nécessaire pour que d’éventuelles négociations aboutissent.
Les observateurs internationaux peuvent voir d’un bon œil cette perspective plutôt que celle qui se présentait jusqu’à vendredi soir, comme l’ont notamment exprimé certains dirigeants allemands ou européens. En revanche, la capacité des politiques français à jouer ce jeu est largement inconnue et le risque d’échec ne peut être exclu. De fait, nul ne sait dire à ce stade si la perspective d'un gouvernement formé d’ici la fin de l’été, voire plus tard, est raisonnable ou totalement illusoire.
Dans de telles circonstances, sans doute faut-il envisager, a minima, une période d’attentisme des consommateurs et des entreprises qui ne viendra pas aider une économie française déjà bien languissante. De même, si, pour les marchés, la perspective d’un gouvernement de coalition peut être perçue comme la garantie de compromis, donc la meilleure des solutions, les doutes sur son caractère crédible pourraient faire toute la différence.
Sans coalition, c’est une France ingouvernable qui se profilerait, un scénario équivalent à une paralysie du pays jusqu’à de prochaines législatives après douze mois, particulièrement malvenu dans le contexte en présence, aux conséquences et à l’issue imprévisibles tant que le plan économique, social, que politique. En bref, une configuration qui répugne aux marchés, face à laquelle, même la perspective de plus en plus vraisemblable de baisses des taux de la FED et de la BCE en septembre, pourrait n’être que de bien peu d’aide.
Le spread France-Allemagne reste pour le moment contenu (ci-dessous), signe que les marchés attendent : pour combien de temps ??
On en oublierait presque que les travaillistes anglais ont mis les conservateurs dehors après 14 ans de pouvoir, avec un niveau rarement vu. Seul parallèle à faire avec la France, voire avec d’autres élections récentes : la volonté de changement qui emporte tout sur son passage.