Point Hebdo du 22/04/2024
Point de marché du 22/04/2024 : comme un vent de panique du côté des taux
Les taux d’intérêt ont poursuivi leur ascension la semaine dernière sur fond de nervosité de plus en plus palpable au sujet des tendances à venir.
La Fed, c’est acquis, n’abaissera pas ses taux directeurs en juin. Pourrait-elle ne pas les baisser du tout avant la fin de l’année, voire les relever comme certains membres l’évoquent ? Et si tel est le cas, jusqu’où les taux pourraient-ils remonter? Le débat a manifestement changé de dimension, alors que les taux à 10 ans américains se rapprochent à grand pas de leur point haut de 5% du mois d’octobre et que les doutes se multiplient face à la résistance de l’inflation et au regain de tensions naissantes sur les prix des matières premières, tandis que l’Administration Biden continue à ouvrir les vannes de dépenses sans limite.
Le vote par la Chambre des représentants américains ce samedi d’un plan d’aide de 95 milliards de dollars à l’Ukraine (pour plus de 60mds), Israël et Taïwan n’est pas de nature à calmer le jeu. Une bonne partie de cette enveloppe devrait être destinée à reconstituer les stocks de l’armée américaine et reviendra aux usines d’armement aux États-Unis; de quoi encore soutenir l’activité et contrarier les objectifs de la Fed. La publication du PCE en fin de semaine apaisera-t-elle les inquiétudes? C’est peu probable.
Si l’Europe a plutôt bien résisté à ces tensions jusqu’alors, sa capacité à rester à l’écart s’érode peu à peu. Rares ont été les périodes de l’histoire contemporaine au cours desquelles l’inflation a durablement divergé entre les États-Unis et la zone euro, surtout quand les prix des matières premières s’en sont mêlés. Les écarts de taux d’intérêt ont par ailleurs sensiblement fragilisé le taux de change de l’euro dollar ces dernières semaines, une tendance que la BCE ne pourra feindre d’ignorer très longtemps face à la remontée des prix des produits de base. Enfin, même si l’inflation est supposée de nature différente entre les États-Unis et la zone euro, dans un contexte conjoncturel et de politiques budgétaires assurément différents, les résultats sur le front de l’inflation sous-jacente pêchent aussi par leur insuffisance de ce côté-ci de l’Atlantique, notamment du côté des services, comme c’est aussi le cas outre-Manche... L’étau, manifestement, se resserre.
La BCE pourrait-elle, dès lors, réviser sa copie? La question est au bout des lèvres et sa réponse par la positive pourrait être considérée comme un séisme. Les données d’inflation du mois d’avril attendues en Allemagne le 29 avril seront sans aucun doute déterminantes sur l’évolution des anticipations relatives à une première baisse des taux directeurs en juin. En attendant les tensions sur les taux européens ont pris de l’ampleur, l’OAT à plus de 3% en fin de semaine dernière n’est pas du meilleur présage en période budgétaire particulièrement tendue.